VASSAIL Michel
Né le 4 décembre 1865 à Vinça (Pyrénées-Orientales),
mort sûrement à Perpignan (Pyrénées-Orientales) à une date inconnue ; anarcho-syndicaliste et antimilitariste.


Michel Vassail (né le 9 avril 1836 à Vinça, mort le 4 février 1882 dans la même commune) et Anna Élisabeth Rose Sobraquès (née le 31 août 1841 à Saint-Marsal, Pyrénées-Orientales), les parents de Michel Vassail, sont agriculteurs. Marié à Marie Anne Domingo, ce dernier aura douze enfants.


D’abord typographe, Vassail est ensuite marchand de journaux, « publiciste », c’est-à-dire journaliste, journalier et enfin maçon. Même s’il effectue des périodes militaires du 1er au 29 février 1888 au 160e régiment d’infanterie, du 30 septembre au 27 octobre 1895 au 12e RI (Perpignan), et du 14 au 27 octobre 1901 au 126e RTI (Perpignan), il est un des premiers antimilitaristes de Perpignan.

La première affiche de l’Association internationale antimilitariste (AIA) apposée dans la ville l’a été sur son kiosque en 1905. Cette affiche est selon le commissaire « une provocation au meurtre et à la désobéissance civile ». Il est le secrétaire de la section antimilitariste de Perpignan jusqu’à son départ pour Marseille (Bouches-du-Rhône) le 6 mars 1906. Il est remplacé à son poste, ce qui est à remarquer, par une femme, Françoise Marie Lambert dite Castany.

À Marseille, il continue son action puisque la police le signale participant à un meeting antimilitariste le 3 octobre 1907 en compagnie de deux militants des Pyrénées-Orientales. À cette date il revient à Perpignan et apparaît dans un rapport comme anarchiste se livrant à la propagande antimilitariste.

En avril 1909, avec Boniface Escudier*, maire socialiste de Canohès (Pyrénées-Orientales), dirigeant du Syndicat des ouvriers agricoles, et le maçon François Doutres, il relance Germinal, la section antimilitariste de Perpignan. Il cherche à fédérer les anarchistes et la gauche du parti socialiste dans une organisation commune. Mais lui-même est contesté par les anarchistes illégalistes ou individualistes, partisans de la « propagande par le fait », les attentats. À la réunion du 7 août, Vassail démissionne de son poste de secrétaire de la section, remplacé par François Doutres, son « alter-ego » selon la police. Le 25 octobre 1909, il est redevenu secrétaire et Doutres n’est plus que secrétaire-adjoint, Escudier ayant toujours le poste de trésorier.

Dès le mois de mai 1909, il est inscrit au carnet B avec cinq autres militants des Pyrénées-Orientales. Son inscription sur ce fameux carnet signifie qu’il doit être arrêté dès l’annonce de la mobilisation en cas de guerre. En mars 1914, il est toujours sur la liste avec Boniface Escudier : « [ils] sont toujours dangereux et doivent être maintenus au dit carnet. » Il continue de lutter contre le militarisme à l’intérieur du syndicat des maçons et à la Bourse du Travail.

Au 2e congrès départemental des syndicats de la Confédération générale du travail (CGT) du 1er au 2 novembre 1910, il présente un rapport très documenté précisant les arguments qui militent en faveur de l’antimilitarisme. Il préconise des mesures immédiates comme l’éducation de la femme, l’éducation des enfants par les femmes et l’éducation des hommes par le syndicat. À ce même congrès, il demande avec Plit du Syndicat des boulangers la suppression des armées permanentes. La proposition est approuvée par 22 voix contre 2 et 2 abstentions. En mai 1911, M. Vassail est toujours secrétaire du syndicat des maçons des Pyrénées-Orientales.

À la mobilisation, comme les autres militants inscrits sur le carnet B, il n’est pas inquiété. Il n’est pas mobilisé, appartenant à une classe trop âgée. Il fait l’objet d’une surveillance très étroite de la part de la police, ainsi que tous les anarchistes. Rien de défavorable n’est noté et il semble bien qu’il n’ait jamais établi de liens avec les anarchistes de Paris ou avec les insoumis de Figuères (Province de Gérone, Espagne), Étienne Alart* et Michel Vidalou, qui correspondent avec François Doutres

Par peur ou trop âgé, il a cessé de militer et en 1926, il est rayé du carnet B. Aucun document ne mentionne la date et le lieu de son décès.


Sources :

Archives départementales des Pyrénées-Orientales 5 M 729 : registre des naissances d’Ille-sur-Têt (année 1865).
ADPO 1 R 377 : registre matricule de la classe 1885, matricule n° 1082. ADPO 1 M 588 : rapport du commissariat spécial de Perpignan au préfet du 15 octobre 1907. ADPO 1 M 588 : rapport du commissaire central au préfet le 2 septembre 1905.  ADPO 1 M 588 : courrier du préfet au commissaire spécial le 10 octobre 1907.  ADPO 1 M 588 : rapport du commissariat spécial de Perpignan : État nominatif des individus résidant dans l’arrondissement de Perpignan, signalés comme se livrant à la propagande antimilitariste  le 17 octobre 1907. ADPO 1 M 782 : rapport du commissaire central au préfet le 25 juin 1909.  ADPO 2 R 227 : rapport du commissariat central de Perpignan au préfet le 22 septembre 1909.  ADPO 2 R 227 : rapport du commissariat central de Perpignan au préfet le 25 octobre 1909. Bureau définitif de l’AIA, section perpignanaise. ADPO 1 M 784 : rapport du commissaire central de la ville de Perpignan au préfet le 5 mars 1914.  ADPO 2 R 227 : rapport du commissaire central de Perpignan au préfet le 11 septembre 1915.  ADPO 1 M 784 : rapport du commissaire central au préfet le 24 décembre 1926 (Secret). La Voix de Peuple du 8 janvier 1911. La Bataille socialiste n° 51 du samedi 5 novembre 1910.  La Bataille Syndicaliste du 24 mai 1911.

Miquèl Ruquet